...Ou les mémoires du Cocaïne cowboy.
Ca commence à New York au sein des 5 grandes familles du crime organisé. Le petit John Riccobono suit plus volontiers l'enseignement de son papa mafieux que celui de son maître d'école. Les dés sont jetés, il sera bandit comme papa.
Je passe sur l'enfance compliquée, friquée, mélo du bambin, elle n'a rien de surprenant. A 17 ans, pour éviter la prison, il signe un accord avec l'armée et part au Vietnam où il exploite sa violence jusqu'aux confins de l'horreur. Bléssé, rappatrié, on le retrouve dans les boites de nuits de Manhattan où il mène la danse à coup de racket et de flingues. Il n'a qu'une petite vingtaine d'années, roule en Jaguar, on se croirait dans un film de Scorcese.Il devient alors Jon Roberts, c'est un nom plus discret et puis c'est le nom de son héros dans Bonanza. On est juste avant la grande époque décadente du Club 54 mais les nuits de clubbing sont déjà bien déjantées. Le business marche fort pour notre apprenti affranchi jusqu'à ce qu'un regrettable malentendu avec la police ne l'oblige à disparaitre de la région.
Beau gosse, teigneux et plein de ressources, il débarque sous le soleil de Miami. Il ne tarde pas à se lier à tout ce qu'il y a d'illégal en Floride et sur les bons conseils d'un" ami de la famille "saute sur un commerce en plein essor : La cocaïne. Il devient dealer mais attention, pas dans la rue, monsieur a de la classe, il vend aux riches, il vend de plus en plus, exporte, mène grand train et là on attaque l'époque "deux flics à Miami". Traffic intense, putes de luxe, Ferraris, hors-bords et corruption à gogo. Tout y passe. Notre terreur des bacs à poudre est un visionnaire, il voit toujours plus loin, toujours plus haut alors il va voir les vrais méchants, les cubains d'abord puis bien évidement, les colombiens. John devient rapidement un gros importateur du cartel de Medellin. Ses moyens financiers sont aussi collossaux que son audace et son égo.
Comme toute bonne histoire de méchant, il faut bien que la fin soit morale et le vilain trafficant fini par se faire dénoncer et va purger 3 ans de prison pour traffic de drogue, meurtres, tentatives de meurtres, corruption sans oublier les excès de vitesse. 3 ans c'est le tarif quand on a des amis biens placés et qu'on décide de donner quelques informations.
En résumé voici ce qu'on découvre tout au long des 700 pages des mémoires de Jon Roberts. Ce n'est pas une autobiographie, non on ne peut pas être le "Cocaïne cowboy" et écrivain ! Le livre est la transcription de trois années d'entretiens entre le journaliste Evan Wright et un super mafioso. Jon Roberts est à mon goût totalement mégalo et ne souhaite pas quitter ce monde sans avoir vanté ses exploits, laissé une trace de son passage et balancer quelques noms célèbres.Vous voulez savoir qui ? Ouvrez le bouquin, vous ne serez pas déçu !
Lors de ma lecture, j'ai rarement trouvé le temps long mais j'ai souvent détesté ce frimeur qui "se la pète grâve". Le bonhomme est loin de chercher une quelconque rédemption, il n'est pas quelqu'un de bien et le revendique haut et fort... Pas mal d'anecdotes me parraissent invraissemblables mais pour s'octroyer l'étoffe des héros, Jon Roberts n'hésite pas à s'attribuer les exploits d'un autre, surtout quand ce dernier s'est fait descendre. Personne ne viendra vérifier !
Ce livre c'est aussi une fresque américaine des années 70 et 80 avec le fantôme du Vietnam et la fin de règne des "vieux moustachus" italiens au profit des jeunes loups ultra violents qui pietinnent tous les codes. On y parle CIA, Nicaragua, Hollywood et Washington.
Américan desperado, édité en France chez 13E note Editions est paru aux Etats Unis deux mois avant la mort de Jon Roberts. Il aura eu tout de même le temps de profiter un peu de sa nouvelle gloire, légale cette fois-ci, avant de rejoindre son papa et ses collaborateurs sans doute en enfer puisque papa Riccobono avait coutume de dire à son fiston :
"Si tu dois choisir entre le bien et le mal, choisis le mal, c'est toujours le mal qui gagne."